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Thaïlande : Le sommet asiatique de l’ ASEAN annulé pour manifestations antigouvernementales
par Agencies de nouvelles
12 avril 2009

Des manifestants anti-gouvernementaux ont investi le bâtiment où devaient se réunir les dirigeants de l’ASEAN (Association des nations d’Asie du Sud-Est) en Thaïlande, contraignant le gouvernement à annuler le sommet et à déclarer temporairement l’état d’urgence dans la région de Pattaya, cité balnéaire qui devait l’accueillir.

Les dirigeants déjà présents étaient évacués par hélicoptère vers un aéroport militaire proche, selon le porte-parole du gouvernement Supachai Jaisamuth. L’avion qui transportait le Premier ministre australien Kevin Rudd, qui devait se joindre aux discussions dimanche, a fait demi-tour après un ravitaillement en kérosène. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, qui devait aussi rencontrer les dirigeants de l’ASEAN dimanche, a également annulé sa venue.

Vêtus de chemises rouges, plus d’un millier d’opposants au Premier ministre Abhisit Vejjajiva ont brisé les vitres du centre des congrès de Pattaya. Ils ont fait irruption dans le bâtiment, renversant des tables, soufflant dans des cornes, agitant des drapeaux thaïlandais. "Abhisit, dehors !" scandaient-ils.

Après l’annulation du sommet, ces partisans de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra savouraient leur victoire en promettant de maintenir la pression.

"Nous avons gagné. Nous les avons empêchés de tenir le sommet", se félicitait depuis Bangkok l’un des leaders de la contestation, Jakrapob Penkair. "Mais nous n’avons pas encore atteint notre but. Nous continuerons à manifester à Bangkok jusqu’à ce qu’Abhisit démissionne".

Le porte-parole du gouvernement Supachai Jaisamuth a affirmé que la situation était "trop violente" pour que le sommet ait lieu.

Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva a déclaré l’état d’urgence dans la région. Son décret permet de suspendre les libertés civiles. Il proscrit notamment les rassemblements publics de plus de cinq personnes. Il interdit également aux médias de diffuser des informations de nature à "causer la panique".

L’état d’urgence a été levé six heures plus tard, après l’évacuation des dirigeants étrangers. Abhisit Vejjajiva a qualifié les manifestants d’"ennemis de la Thaïlande".

Ces désordres embarrassent fortement le Premier ministre qui tente de donner une image de calme et de normalité. Abhisit Vejjajiva a été porté au pouvoir il y a quatre mois lors d’un vote parlementaire, après que le précédent gouvernement eut été dissous par la justice pour fraude électorale.

Les manifestants qui réclament son départ sont des partisans de Thaksin Shinawatra, qui a perdu son poste de Premier ministre lors du coup d’Etat militaire de 2006, au milieu d’accusations de corruption et d’abus de pouvoir. Ils considèrent qu’Abhisit Vejjajiva n’a pas été élu par le peuple et doit donc démissionner pour qu’un nouveau scrutin puisse avoir lieu.

Samedi matin, des échauffourées les ont opposés à des manifestants pro-gouvernementaux. Un manifestant a été grièvement blessé et dix autres légèrement, selon le Centre de secours Narenthorn.

Lors de ce sommet, les dirigeants de l’ASEAN devaient notamment discuter de la crise économique mondiale et du récent lancement de la roquette nord-coréenne. Panitan Wattanayagorn, porte-parole du gouvernement, a dit espérer que le sommet pourrait se tenir dans les tout prochains mois.